La peau, notre plus grand organe, est bien plus qu'une simple enveloppe protectrice. C'est un reflet de notre santé intérieure, une barrière entre notre corps et le monde extérieur, et un témoin silencieux des défis que nous affrontons au quotidien.
Dans cet article, "Peau sous pression : l'impact du stress" nous explorerons en profondeur les complexités de la relation entre le stress et la santé de la peau, en commençant par l’origine de la genèse de la peau, en détaillant l'axe Cerveau-Peau et en analysant les réactions physiologiques du corps face au stress.
I - Origine de la peau
La peau trouve son origine très tôt au niveau de l'embryogenèse puisqu’elle apparaît aux alentours de la 5ème semaine de grossesse. Lors de cette période, les cellules embryonnaires vont s’organiser en 3 différents feuillets : l’ectoderme, le mésoderme et enfin l’endoderme. Chacun de ses feuillets donne ensuite naissance aux différents tissus et organes de l’organisme. Ainsi, l’ectoderme est à l’origine de l’épiderme, des glandes de la peau, de l’émail des dents et du système nerveux.
Une fois cette explication posé, il apparaît clairement que la peau et le système nerveux sont intimement liés depuis l’origine de la création humaine, ce qui implique un lien indéniable entre notre bien-être mental, nerveux et l’état de notre peau.
C’est à partir de ces connaissances que les scientifiques ont développé le concept de l’axe Cerveau-Peau.
II - L’axe Cerveau - Peau
Des études* ont révélé que la peau et le système nerveux expriment tous deux des neurotransmetteurs** et des neuropeptides***. Par exemple, les kératinocytes et les mélanocytes (cellules de la peau) produisent la corticolibérine (CRH), une neurohormone également synthétisée par l'hypothalamus (glande du cerveau). La CRH stimule la production de l'adrénocorticotrophine (ACTH) par l'antéhypophyse (glande du cerveau), ce qui à son tour stimule les glandes surrénales (glandes situées au dessus des reins) à sécréter le cortisol, la fameuse hormone du stress. De plus, les kératinocytes et les follicules pilo-sébacés de la peau peuvent également synthétiser le cortisol.
Cette communication entre la peau et le système nerveux par le biais de neurotransmetteurs et de neuropeptides met en évidence une interconnexion complexe entre les deux systèmes. Ces découvertes soulignent l'importance de considérer la peau comme un organe neuro-endocrinien actif, capable d'influencer et d'être influencé par les processus neurologiques et hormonaux.
Cette compréhension approfondie du lien entre la peau et le système nerveux ouvre de nouvelles perspectives dans la compréhension des mécanismes de régulation de la peau, de la réponse au stress, de l'inflammation cutanée et même de l'état émotionnel. Elle souligne également l'importance d'adopter une approche holistique dans le maintien de la santé et du bien-être de la peau, en tenant compte à la fois des facteurs internes et externes qui influencent cet équilibre délicat.
Cette notion d’axe Cerveau-Peau est notamment à la base du développement de la discipline de la psychodermatologie, médecine à la frontière entre la psychiatrie et la dermatologie qui met en avant l’étude et l’impact du psychisme sur les maladies de la peau.
III - Que se passe-t-il au niveau de la peau lors d’un stress ?
Le stress, ce mécanisme de défense face au danger, peut exercer un impact dévastateur sur notre organisme s'il persiste de manière prolongée ou chronique. Les réactions chimiques déclenchées par un stress prolongé peuvent avoir des conséquences néfastes sur l'ensemble du corps et notamment devenir un facteur aggravant des pathologies dermatologiques (acné, eczéma, psoriasis).
Nous venons de le voir, la peau et le système nerveux sont physiologiquement liés et possèdent des neurotransmetteurs communs. Le stress va venir perturber la synthèse de ces neurotransmetteurs provoquant ainsi des effets de vasodilatation, d’inflammation cutanée et de surproduction de sébum.
De manière plus précise, lorsque l’on vit un stress, le cortisol, mieux connu sous le nom de l’hormone du stress, est libéré en excès, déclenchant ainsi une réaction inflammatoire qui peut se manifester par une sensibilité accrue, des rougeurs et un vieillissement cutané accéléré. Cette hormone perturbe le système immunitaire de l'épiderme, favorise les réactions allergiques, affaiblit la fonction barrière de la peau et perturbe son microbiome.
Les effets du cortisol se manifestent de diverses façons sur la peau et vont s'exprimer de manière différente selon le terrain de la personne, qu’elle soit atteinte d’eczéma, de psoriasis ou encore d’acné. Le cortisol accentue la production de sébum, obstruant les pores et favorisant l'apparition de boutons d'acné, tant sur le visage que sur le corps. Il perturbe la barrière cutanée et affaiblit le film hydrolipidique, entraînant une déshydratation de la peau, des démangeaisons, des tiraillements, des irritations. De plus, il affecte la production et la dégradation des composants essentiels de la peau, tels que le collagène et l'élastine, entraînant une perte d'élasticité, l'apparition de rides et ridules.
Face aux effets dévastateurs du stress sur la peau, il est essentiel d'adopter des stratégies de gestion du stress et des soins cutanés adaptés. En favorisant un mode de vie sain, une alimentation équilibrée, une hydratation adéquate et des techniques de relaxation, nous pouvons soutenir la santé et la vitalité de notre peau de l'intérieur comme de l'extérieur.
En conclusion, une approche holistique, prenant en compte les facteurs internes et externes, apparaît comme la solution la plus adaptée à la prise en charge des maladies dermatologiques. En cultivant un équilibre entre le corps, l'esprit et la peau, nous pouvons nourrir une peau saine, équilibrée et rayonnante, reflet d'un bien-être global et d'une harmonie intérieure.
* Pondeljak, N., & Lugović-Mihić, L. (2020). Stress-induced Interaction of Skin Immune Cells, Hormones, and Neurotransmitters. Clinical Therapeutics, 42(5), 757‑770. https://doi.org/10.1016/j.clinthera.2020.03.008
Psychological Stress in Patients with Atopic Dermatitis. (2018, 1 décembre). PubMed. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/30665478/
** Neurotransmetteur : Substance qui assure la transmission de l'influx nerveux.
*** Neuropeptide : Un neuropeptide est un type d'hormone sécrété par un neurone et ayant essentiellement une fonction de neuromodulateur.
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